Les suppléants
Reflets d'actualité
Philippe Aurouze30 janv. 2023, 18:08
Les suppléants ! Voici un terme très souvent entendu dans les avant-match pour désigné les joueurs qui resteront sur le banc et qui, au mieux, entreront en cours de jeu.
En parlant de remplaçant, de suppléant, l’actualité de cette semaine en évoque plusieurs : Zidane qui ne prendra pas la tête de l’équipe de France de football puisque Deschamps reste à son poste jusqu’en 2026 et Harry qui publie ses mémoires et règle un peu ses comptes avec son grand-frère William, l’héritier du trône.
Des suppléants de qualité. Des suppléants de choix. Mais des suppléants !
Ils rêvent ou rêvaient de remplacer l’autre. De prendre la place de celui qui l’occupe. De montrer ce qu’ils sont, ce qu’ils valent et ce qu’ils peuvent offrir. Mais, certaines fois, bien plus nombreuses que prévues, ces remplaçants doivent rester sur le banc, en deuxième ligne.
Alors la frustration s’installe. La colère peut même poindre. Surtout si l’entourage s’en mêle et rentre dans la bataille pour la première place.
Le tweet de Mbappé résume bien la situation suite aux propos du président de la Fédération Française de Football : « Zidane c’est la France, on manque pas de respect à la légende comme ça… »
Certains suppléants restent intouchables !
Leur passé, leur notoriété, leur personnalité parlent pour eux.
Un tweet similaire sera-t-il posté dans les heures suivant la publication officielle des mémoires du Prince Harry ? Pas sûr. Son passé et ses révélations risquent bien de produire l’effet inverse. On ne touche pas à certains sujets comme l’armée ou la royauté ! Dans tous les cas, les suppléants souffrent et, sous différentes formes, le font savoir.
Qui n’a pas connu une famille où le second veut prendre la lumière puisque le premier a tout eu ? Qui n’a pas connu une association, un parti, un groupement où les plus jeunes veulent pousser les plus âgés pour enfin briller ? Les suppléants semblent être dans l’ombre et souffrent de la mise en lumière réelle ou supposée du premier.
Plusieurs histoires dans la Bible relatent le conflit dans la fratrie. L’une d’entre elle concerne des jumeaux, Esaü et Jacob . L’ainé devant prendre tout l’héritage, tout le pouvoir, le jeune en fut contrarié. Jacob mit alors en place un stratagème répété pour s’emparer du droit d’ainesse. Il arriva à ses fins mais dû fuir, s’exiler. Longtemps. Ce n’est qu’après moultes évènements dont une lutte avec un ange (lutte très souvent peinte par les grands artistes comme Rembrandt, Delacroix, Gauguin et Chagall ) que Jacob arrive à faire la paix avec lui-même et surtout avec son frère. D’ailleurs, ce dernier lui pardonnera tout.
Peut-être sommes-nous l’occupant du poste générant des frustrations chez d’autres et des tensions ressenties. Peut-être sommes-nous des suppléants souffrant et pressés de prendre la place.
Que cette année apporte à chacun sérénité et joie à la place qu’il occupe